La conception d’une charpente est obligatoirement soumise à des réglementations, des normes ainsi que des DTU (Documents techniques unifiés). Et pour cause, la charpente est fondamentale pour toute construction. Voyons quelles sont celles qui régissent l’assemblage de la charpente traditionnelle.
Notions sur les DTU charpente et NF
Pour garantir la solidité et la durabilité d’une charpente, il est impératif de suivre les Documents Techniques Unifiés (DTU). Ces documents détaillent les règles de l’art pour l’exécution des chantiers, en précisant les méthodes et techniques à utiliser pour chaque aspect de la construction. Ces cahiers des charges sont des références pour les professionnels du bâtiment (tribunaux, experts, etc.), et se conformer aux DTU est crucial pour bénéficier des garanties offertes par les assurances, comme la garantie décennale.
Le DTU 31.1 est la norme clé qui encadre les charpentes traditionnelles en bois, spécifiant les critères pour la sélection des matériaux, le nombre de pannes, l’inclinaison du toit, et les méthodes de fixation. Ce document couvre toutes les étapes de la conception, de la fabrication, à l’installation des charpentes bois.
Dans la création d’une charpente, les matériaux, le nombre de pans à prévoir, l’inclinaison de la pente à adopter etc… font l’objet d’une réglementation stricte. L’objectif étant de supprimer les risques d’effondrement que peuvent engendrer des erreurs de conception. De nombreuses normes dites “ Normes d’essai “ ou EN s’appliquent à la construction d’une charpente en bois. Les plus connues sont par exemple la EN 335 sur la durée de vie du bois et les matériaux et la EN 14250 sur les caractéristiques des produits.
D’autres protocoles à suivre pour les travaux de charpente
Sur le plan légal, tout particulier désirant construire ou faire construire une charpente doit dans certains cas disposer d’un permis de construire. En rénovation, c’est souvent en vue d’aménager ses combles que celui-ci souhaite entreprendre des travaux de charpente. Or, si la surface plancher créée ne dépasse pas les 40 m2, une simple déclaration de travaux remplacera ce permis de construire. Mais cela dépend surtout des Plans locaux d’urbanisme de chaque région (PLU). Par ailleurs, les combles ne sont considérés comme habitables que lorsque la hauteur sous plafond équivaut à 1,80m.
Et si la surface habitable revient à plus de 150m2, vous devez obligatoirement recourir à un architecte.
Si votre localisation se trouve dans une zone protégée ou proche d’un patrimoine historique, vous devez vous soumettre à des règles plus contraignantes. Donc en amont de vos travaux de charpente, c’est toujours plus judicieux de vous rapprocher de votre mairie pour les directives nécessaires. Étant très encadré, le contrôle de la charpente est obligatoire.
Les normes et DTU de la charpente bois
Voici une liste non exhaustive des normes et DTU applicables à la charpente bois.
Les normes NF de la charpente en bois :
- NF EN 14592 (mise à jour 2012) : Cette norme traite des fixations en bois (clous, vis, boulons) utilisées dans les structures en bois. Elle a été révisée en 2012 pour inclure de nouvelles exigences de performances mécaniques.
- NF EN 14545 (2015) : Concernant les connecteurs pour les structures en bois, cette norme définit les exigences de conception, la fabrication et l’évaluation des performances des connecteurs dans les constructions en bois.
- NF EN 1912 (2012) : Cette norme classe visuellement les essences de bois selon leur résistance et leur destination dans la construction. Elle inclut des essences telles que l’épicéa et le pin.
- NF P21-400 : Elle concerne la classification de la résistance des bois de charpente.
- DUT B52 001 : Concerne l’utilisation générale du bois de construction, y compris ses applications en charpente.
Normes sur les Travaux de Bâtiment :
- NF P21-203-1/42, DTU 31.1 : Règles générales pour les travaux de construction des bâtiments incluant les charpentes et les escaliers en bois.
- NF P21-204, DTU 31.2 : Normes pour les bâtiments à ossature bois, intégrant la charpente. Elles régissent les étapes de conception, les matériaux et l’exécution des travaux.
- EN 14250 : Concerne les structures préfabriquées en bois. Elle encadre la fabrication et les assemblages par connecteurs métalliques.
- NF P21-205 et DTU 31.3 : Régissent les charpentes en bois utilisant des connecteurs métalliques ou des goussets. Elles encadrent les calculs de conception, le montage, et les dimensions.
Normes et Contrôles Spécifiques :
- Diagnostic XP P 03-200 : Réglemente les inspections d’état parasitaire pour assurer que la charpente n’est pas sujette à des infestations d’insectes xylophages ou de champignons lignivores.
Tolérances pour les Charpentes Bois Industrielles :
- Épaisseur minimum : Le bois ne doit pas être inférieur à 35 mm d’épaisseur.
- Écartement des membrures : Celui-ci ne doit pas excéder 1,5 mm.
- Flaches : Tolérées à l’exception des zones d’assemblage.
- Humidité : Le taux d’humidité du bois ne doit pas excéder 22 %, pour éviter tout risque de déformation ou de pourrissement.
Mise à Jour des DTU : qu’est-ce qui change et pourquoi ?
Les Documents Techniques Unifiés (DTU) subissent régulièrement des mises à jour pour s’adapter aux avancées technologiques et aux nouvelles exigences réglementaires. Ces révisions tiennent compte de plusieurs facteurs.
D’abord, les nouvelles technologies introduisent des matériaux innovants, comme des bois composites ou des techniques de fixation plus robustes.
Ensuite, l’évolution des techniques de construction permet d’optimiser la mise en œuvre des charpentes tout en réduisant les coûts et les délais. Par ailleurs, les nouvelles réglementations environnementales imposent des critères de durabilité. Elles encouragent l’utilisation de matériaux écologiques et limitant l’empreinte carbone des constructions. Les changements climatiques et les nouveaux enjeux de performance énergétique poussent également à renforcer les exigences en termes d’isolation et de résistance aux intempéries. Les mises à jour des DTU sont donc essentielles pour garantir la conformité et la performance des constructions modernes.
L’Impact des Non-conformités aux Normes DTU
Ne pas respecter les normes DTU peut entraîner des conséquences graves pour les projets de construction, notamment pour les charpentes. En premier lieu, les sanctions légales peuvent s’appliquer, avec des amendes ou des poursuites en cas de litige. En fait, les DTU servent de références pour les tribunaux.
Ensuite, les sinistres sont fréquents en cas de non-conformité : des erreurs de conception ou de mise en œuvre peuvent causer des affaissements de toit, voire des effondrements, mettant en danger la sécurité des occupants.
De plus, l’absence de respect des DTU peut affecter la durée de vie d’une charpente. Cela réduit sa capacité à résister aux forces naturelles telles que le vent, la neige ou la pluie. Enfin, cela impacte la couverture des assurances, car les compagnies peuvent refuser de prendre en charge des réparations si elles estiment que les normes n’ont pas été suivies.
Comparaison entre les DTU et d’Autres Réglementations Internationales
Les normes DTU françaises diffèrent des réglementations internationales, bien qu’elles poursuivent des objectifs similaires. Notamment assurer la sécurité et la durabilité des constructions.
En France, les DTU sont très détaillés et couvrent une grande variété de matériaux et de techniques. Quant aux normes américaines, telles que les IRC (International Residential Code), elles mettent davantage l’accent sur la résistance sismique et les impacts environnementaux. D’ailleurs, cela refléte les conditions locales. Les normes européennes, comme l’Eurocode 5, sont plus harmonisées à l’échelle continentale. Ils se concentrent sur les calculs de résistance mécanique des structures en bois, intégrant les aspects sismiques, thermiques et incendiaires.
La principale différence réside dans l’adaptabilité : alors que les DTU offrent des directives strictes, certaines normes internationales laissent plus de place aux ingénieurs pour adapter les conceptions aux contraintes locales, ce qui peut faciliter l’innovation.